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« On ne conduit le peuple qu'en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d'espérance.»
Napoléon Bonaparte

lundi 27 avril 2015

L'avenir de agriculture - 2

Plusieurs semaines après un commentaire intéressant sur mon dernier article consacré à l’agriculture, je viens répondre.

Voici le commentaire :

Concernant les OGM, la situation en France est juste d'une hypocrisie sans nom : On interdit sa culture pour se donner bonne conscience d'une main, de l'autre on importe massivement des produits venus des quatre coins du monde (95 % du soja qui nourrit nos bêtes est OGM...). C'est un peu comme le gaz de schiste : tout le monde est heureux qu'on n'en produise pas en France, mais tout le monde se fout royalement des conditions d'extraction de celui que nous importons. L'écologie n'est pourtant pas une notion nationale...
Il y a beaucoup de courants de pensées différents à l'INRA sur ce sujet. Comme tout en France, il est presque impossible d'avoir un avis scientifique détaché et sans passion sur la question. Cependant, la quasi-totalité des agronomes d'aujourd'hui s'accordent sur le fait que l'éco-agriculture (style bio, permaculture etc..) est très loin d'être prête pour pouvoir nourrir la planète. Beaucoup pensent également que les biotechs (et donc les OGM) sont probablement la solution de demain pour limiter les pesticides, réels responsables de l'appauvrissement des espèces. Alors très vite nous devrons faire un choix : OGM ou pesticides (sachant qu'on a les deux aujourd'hui). Sans oublier que le tout est grassement financé par l'UE au détriment du paysan africain qui se voit obliger d'acheter des produits français sur les étales de Dakar.
Il y a certes matière à changer en profondeur de système...
 Sébastien


L’incohérence actuelle sur les OGM est flagrante, comme dans bien d‘autres domaines malheureusement. Le débat des OGM est complexe, ces nouvelles plantes sont porteuses d’espoir : meilleurs rendements, limitation des intrants, plus grandes résistances aux aléas, mais aussi de craintes : dépendance aux grandes compagnies qui les produisent, impact à long terme sur la santé et la physiologie, impact sur le milieu naturel à grande échelle... La question originelle doit être : pouvons-nous nous passer de telles manipulations génétiques tout en limitant les pesticides et autres intrants ?

Par ailleurs, l’agriculture actuelle est largement basée sur un modèle productivité qui n’est pas efficient. Un exemple : les producteurs laitiers sont poussés par les coopératives à produire de plus gros volumes au détriment de leur revenu financiers, de l’écologie, et du bien-être animal. Comment ? Simplement en vendant, à prix fort, des compléments alimentaire pour les vaches afin d’augmenter le volume de lait produit. Le producteur voit donc son chiffre d’affaire augmenté mais pas sa marge, minée par les dépenses en compléments alimentaires. Ce n’est pas un modèle durable, de plus l’humanité n’a jamais autant bu de lait. Limitons ces intrants, multiplions le nombre d’agriculteurs qui vive de ces productions, même si la production de lait ne peut pas augmenter dans les prochaines années. Dans un autre registre, les mines de phosphore qui permettent une utilisation massives d’engrais seront prochainement épuisées. Des solutions alternatives seront trouvées pour fournir en phosphore, mais certainement pas au même coût.

Une agriculture 100 % bio n’est certainement pas envisageable, à court terme du moins, mais une agriculture bien plus raisonnée, avec des consommateurs raisonnables, permettrait un système agricole bien plus efficient, écoresponsable et générateur de richesse.

La gigantesque consommation de protéines animales en occident est-elle raisonnable ? Je ne prône nullement un régime végétarien : j’aime le poulet à la crème et les entrecôtes de bœuf, et l’assume pleinement ! Mais il est indéniable qu’une grande partie de la population peut limiter sa consommation de viande sans se priver. Au vu de la quantité d’eau et de végétaux nécessaire à cette production, de grosses économies écologiques peuvent être réalisées.

Quelles solutions je propose ?
  • Une formation plus poussée des professionnels pour les détacher les puissants groupes de pression actuels. Cette formation doit donc être institutionnelle et complètement décorée des grandes industries. 
  • Une sensibilisation de la population à ces problématiques nutritionnelles, cela passe par l’école bien sûr, école qui se doit d’être exemplaire dans ses cantines.
  • Chercher à dépassionner le débat. L’INRA et les universités, comme tout les autres organismes publiques, ont une responsabilité scientifique et certainement pas politique. Pourtant aujourd’hui les chercheurs sont poussés à la politique par les attributions de financement, bien plus importants lorsque des liens industriels sont mis en avant. Des financements gouvernementaux directs et sur le long terme, aideraient certainement à ce retour à un débats sain, constructif et basé sur des résultats scientifiques. A noter que je me permets de taper sur les financements de la recherche en connaissance de cause et avec aucun esprit vindicatif !