Le budget de l'éducation nationale est, rapporté au nombre d'élèves, supérieur à celui de nos voisins européens, de même pour le nombre d'enseignants par élèves. Pourtant le salaire des enseignants français est inférieur, le niveau des élèves chute, l’illettrisme augmente, et le système est, à juste titre, déconsidéré par les français.
Le rôle de l'école n'est, a priori, pas l'éducation mais le développement des connaissances. Cela pré suppose que les parents assument leur rôle éducatif, ce qui n'est pas toujours le cas. Ne pouvant agir directement sur les parents l'école doit prendre en charge ce rôle en plus de sa mission d'enseignement, sans pour autant devenir une garderie nationale. Cela demande des moyens, financiers bien sûr mais surtout matériel, et une formation adapté des enseignants.
Le système actuel est parfaitement obsolète, les réformes que l'on débute aujourd'hui ont 15 ans de retard par conséquent ce n'est plus une ou des reformes marginales qu'il faut entreprendre mais bel et bien une remise à plat totale de notre système éducatif. Le mammouth tant décrié est lent, lourd et souvent inefficace, il doit être mis à terre pour faire place à un félin, une structure plus souple, adaptable doté d'une administration moins énergivore.
Voici quelques propositions :
Durée de l'année scolaire
Les élèves bénéficient de nombreuses et importantes vacances. C'est une chance pour ceux dont la famille à le temps et/ou l'argent pour s'en occuper, leur faire découvrir la mer, la montagne, le sport, la culture. Mais c’est aussi un drame pour les jeunes dont les parents n’ont ni les moyen ni même parfois la volonté de les encadrer.
Les longues vacances estivales ont été héritées d’une société rurale où il été inimaginable de se passer des jeunes bras lors de la saison des moissons. Aujourd’hui ces impératifs agricoles n’ont plus lieu d’être. Dès lors on peut imaginer une augmentation de la durée de l’année scolaire d’un mois. Il faudra appliquer aux vacances estivales le même fonctionnement par zones que pour les vacances scolaires réparties dans l’année.
Programme
Le décrochage des élèves se fait très tôt, plus ils sont âgés plus il est difficile de rattraper le temps perdu, de combler leurs lacunes. Les connaissances de bases, sur lesquelles un apprentissage sain pourra se développer, doivent donc être assimilées très tôt. On met aujourd’hui en avant un enseignement très factuel et interactif en oubliant les leçons fondamentales : à quoi bon lire Baudelaire ou Nerval si on ne comprend pas le sens des mots ? Pourquoi parler de la relativité d’Einstein au lycée si aucun élève ne sait résoudre une équation à deux inconnues ?
On connaît beaucoup plus de chose que l’on sait en faire évidement, nombreux sont ceux qui ont lu Nerval et les postulats d’Einstein, mais peu en ont assimilé le sens. On peut donc distinguer l’ouverture de l’esprit, la découverte, et l’apprentissage proprement parlé. Les deux ne sont pas incompatibles mais mérite d’être abordé séparément.
Il faut donc recentrer l’apprentissage sur des enseignements fondamentaux : le français et les mathématiques en priorité, suivent l’histoire, la géographie, l’éduction civique, une langue. Le volume horaire supplémentaire donné par l’allongement de l’année scolaire permet de mettre en place, parallèlement aux enseignements fondamentaux des modules de découverte qui aborderaient une multitude de domaine : physique, chimie, philosophie, économie, … et même la présentation de métiers. Il s’agira de sortir du cadre stricte d’un cours magistral pour que l’élève découvre le fonctionnement du monde dans lequel il aura à évoluer une fois adulte. Mais cela ne peut fonctionner si le bagage intellectuel disponible est suffisant pour réellement comprendre le poids des mots.
L’arrivé au lycée marque le début d’une spécialisation. Or bien qu’elle soit loin d’être définitive le système actuel est très restrictif : la filière littéraire ne verra plus aucun livre de science dès la seconde, inversement les potentiels scientifiques n’embrasseront la philosophie que quelques heures.
On est, avec cette méthode d’enseignement, très loin de la tête bien faite prônée par Montaigne, personne n’aura un bagage intellectuel complet sans un travail personnel important, de plus c’est un système extrêmement discriminant pour ceux qui, à seulement 16ans, n’ont pas fait le bon choix.
Ajoutons que, pour la filière scientifique ou moins, les outils qui permettent d’aller évoluer sereinement à l’université ne sont pas, ou peu, abordés : la faute à un programme inadapté, à un niveau général des élèves insuffisant. Dès lors nous pouvons imaginer un système similaire à celui proposé pour le collège : des enseignements de spécialisation qui donneront aux élèves les clefs de leur réussite lors d’études supérieurs et des modules hors-champs qui continuerons de faire découvrir les multiples facettes du monde. Ainsi le scientifique sera formé aux mathématiques mais il devra aussi étudier les lettres classiques, la philosophie, l’histoire, l’économie… Alors que le littéraire devra, après en avoir terminé avec le latin ou le grec, se plonger dans la physique et la biologie… Chacun sera spécialiste mais tous pourront se comprendre, et comprendre le monde. Cette compréhension, par tous, de notre environnement fut le grand combat le
Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992 et fondateur de
La main à la patte.
Environnement extra-scolaire
Pour la réussite scolaire, suivre les cours est certes indispensable mais non suffisant, en effet le travail personnel est indispensable. Bon nombre d'élèves ont évidemment la possibilité de travailler chez eux, mais n’oublions pas les autres, ceux qui n’ont pas un environnement familial propice à ce travail personnel. C'est de ces élèves-là dont il faut se préoccuper dans le cadre de l’environnement extra-scolaire car s’ils sont souvent issu de populations fragiles et ils accentueront la fracture sociétale en cas d’échec scolaire mais pourrait participer à la réduction des communautarisme si une chance leur était donnée.
Pour cela on pourrait mettre en place un système d'étude encadrée, c'est à dire donner la possibilité aux élèves de faire leurs travaux personnels dans l'établissement scolaire. Ces heures d'études seraient facultatives en début de scolarité mais pourraient être rendues obligatoires pour certains élèves sur décision des enseignants. Cette étude, qui ne devra pas être considérée comme une punition, serait dirigée par un ou plusieurs enseignants. Le travail personnel de chaque élève pourra dès lors être fait dans de bonnes conditions.
La formation des enseignants
Il y a quelques années les enseignants sont passés de 4 ans de formations, une licence universitaire plus un an de formation, à 5 ans. L’idée de plus former ce corps est donc perçu depuis longtemps, mais on a confondu mieux former avec plus former. La formation dispensée est certes plus long mais pas plus adaptée.
Voici ma proposition pour les enseignants de collèges et de lycée :
Proposer un concours d’entrée accessible à BAC+3 (après une licence universitaire) qui porterait sur la spécialité préparée (français, mathématique, physique-chimie, …) et sur quelques notions de culture générale. Suivrait, pour les admis, 2 ans de formations réellement axées sur le travail d’enseignant, sans oublier d’indispensables stages en établissement scolaire. Un véritable tutorat des nouveaux arrivants par les enseignants déjà en poste doit se développer. On peut imaginer une décharge d’un certains nombres d’heures en début de carrière, la suppression de cette décharge doit s’accompagner d’une augmentation progressive du salaire.
Des enseignants mieux formé veulent dire des enseignants plus efficaces, avec la nouvelle organisation scolaire (durée de l’année scolaire, encadrement d’heures d’étude) les salaires doivent être fortement revalorisés.
A l’école de la République
Liberté, Égalité, Fraternité. Hier inscrite sur le fronton de chaque école, notre devise a disparu du granite mais aussi de la vie scolaire. Ce sont les Hussards noirs de la République qui ont permis à notre pays de passer, en 30 ans, d’une société rurale repliée sur elle-même, soumise à la volonté de la capitale et d’une minorité à une démocratie forte et pérenne. Ils ont inculqué le respect à plusieurs générations de jeunes français. D’abord le respect du maître d’école, puis le respect de ses camarades, jusqu’à celui de la république et de ses valeurs, la liberté, l’égalité et la fraternité.
Il bien entendu hors de question de prôner un retour en arrière : laissons aux Hussards Noirs les bonnets d’ânes et la poussière de craie, mais relevons l’étendard républicain.
Avant de demander à un enfant de respecter les valeurs de la France, demandons-lui de respecter son maître d’école, puis ses enseignants au collège. Puis les libertés de ses camarades, inculquons lui les principes qui font de la France notre pays. Pour cela il faut que le maître retrouve sa place : il doit réellement être le maître de sa classe et non un simple surveillant. Il ne doit pas être contesté et bien sûr non contestable. Cela implique la fin de l’ingérence dans la classe, qu’elle soit parentale ou administrative, mais aussi l’instauration d’un droit de regard sur le travail de l’enseignant. Oui, un véritable système de notation de chaque enseignant qui permettrait de mettre de côté les mauvais éléments, et d’éviter les dérives d’un système où l’enseignant serait investi de plus de pouvoir. Non contesté mais surtout non contestable, s’il veut être le seul maître devant ses élèves l’enseignant doit souffrir d’aucun reproche.
Cette notation pourrait être faite par des entretiens annuels devant un ou plusieurs proviseurs, et serait complétée par le résultat d’inspections impromptues. Pour cela il faudra certainement augmenter le nombre d'inspecteurs, aujourd'hui il y a un inspecteur pour 400 enseignants, trop peu pour assurer un suivi et un accompagnement de chaque élément. Il est certes difficile de juger un travail d’enseignement, mais d’autre profession font l’objet d’une notation qui semble complexe (les chercheurs académiques par exemple) et qui n’est pas parfaite. Le but n’étant pas d’établir un classement des enseignants, ni même des niveaux de salaire, mais uniquement d’identifier les mauvais éléments, les tirs-aux-flancs, présents dans chaque corps de métier.
Les langues
Il est de notoriété publique que nous, français, avons un niveau en langues étrangères passablement bas. Ce qui est problématique pour plusieurs raisons : une communication internationale déficiente à l’heure de la mondialisation et des échanges difficiles avec les touristes étrangers en France, un comble pour un pays qui met en avant son rayonnement touristique.
Les causes ? Une place trop souvent perçue comme annexe dans l’apprentissage, un manque de suivi au cours de la formation (il n’est pas rare de trouver des gens qui ont fait 4 ans d’espagnol, 2 ans d’allemand, avant de commencer l’anglais), et une méthodologie d’apprentissage stérile, basée sur l’apprentissage de règles grammaticales avant toute chose. La place doit être faite à un apprentissage bien plus dynamique qui doit mener chaque élève non pas à être bilingue, ni lire Shakespeare, mais simplement savoir répondre à un étranger dans des situations courantes. La grammaire doit venir ensuite, de même que l’accent : il est trop facile aujourd’hui de se réfugier derrière un fort accent (français) pour ne pas parler, il faut donc que chaque élève apprenne à vaincre cette peur et puisse s’exprimer, même approximativement, dans une autre langue.
Le culte du Diplôme
Il existe aujourd’hui une forte tolérance de la médiocrité scolaire : il ne faut pas être laxiste sur les conditions d'accès au niveau supérieur : le redoublement doit rester une option possible et non une exception. Il faut comprendre que l’ensemble de la population n’a pas vocation à faire de longue étude.
Le corollaire de cette constatation est une meilleure information des parcours en dehors du sacro-saint Baccalauréat général, qui est devenu une usine à chômeur potentiel. La révolution de l’éducation entamée il y a quelques décennies devait apporter des générations de bachelier, l’objectif est presque atteint, mais pas en améliorant le niveau des élèves, non, les générations BAC ont été obtenues avec une diminution des exigences envers les élèves. Que l’on cherche à avoir une population plus savante est une bonne chose, que l’on cherche à barder des individus de diplômes inutiles n’a aucun sens. Offrons d’autres voies aux élèves qu’un baccalauréat qui sera une impasse pour beaucoup. Pour cela il faut développer la communication autour de l’offre de formation, soutenir les initiatives tels que des « journées des anciens élèves », proposer des formations par l’apprentissage à tous les niveaux du CAP aux ingénieurs qui permettent une bonne insertion professionnelle.
Le débat sur l’Éducation Nationale est complexe et de nombreux points restent à explorer. Il faudra à l’avenir s’arrêter sur la problématique des Zones d’Éducation Prioritaire, sur l’absentéisme, sur l’administration…