Citation du moment

« On ne conduit le peuple qu'en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d'espérance.»
Napoléon Bonaparte

mercredi 20 novembre 2013

Innover et Industrialiser en France : l’électronique

Dans l’imaginaire collectif l’électronique est un domaine réservé à la Silicon Valley en Californie pour le développement et à l’Asie pour la production. Ce n'est pas totalement faux : la Silicone Valley regroupe 6000 entreprises dans le domaine du numérique et les géants asiatiques de la production : Samsung, TSMC ou UMC regroupent une part très importante de la fabrication de circuits électroniques.

Mais on oublie trop souvent les européens, et en particulier le franco-italien STMicroelectronics (hériter de Thomson Semiconducteurs), 7ème plus gros fabricants de composants, basé près de Grenoble, qui est une référence mondiale pour de nombreux composants.

Parlons de Soitec, une belle réussite de deux chercheurs français, en France. Crée en 1992, la société se positionne sur un marché de niche avec une technologie de rupture : la fabrication de silicium sur isolant de haute qualité. Ce produit est destiné à la production de puces électroniques de hautes performances. La fabrication est localisée dans l’Isère (plus des fabricants sous licence dans divers régions du monde). L’entreprise se diversifie actuellement vers le solaire et d'autres technologies d’électronique de pointe. 20 ans après sa création, le groupe a un chiffre d’affaire de plus de 300 millions d’euros et emploie plus de 1200 personnes.
La clé de la réussite ? Une idée, une innovation qui vient de quelques chercheurs, suivie d’une prise de risque avec la création d’une start-up, et une ambition : devenir leader mondial.

Troisième et dernier exemple : QOOQ. Vous ne connaissez pas ? C’est pourtant une des stars de Noël de chaque côté de l’Atlantique : une tablette tactile pour la cuisine. Mettre des contenus culinaires (recettes, vidéo…) sur une tablette résistante aux aléas de la cuisine (projection de liquide, chaleur…), une aventure commencée en 2009, avant même l’explosion des tablettes grand public. Au lancement la tablette était fabriquée en Chine, aujourd’hui elle est fabriquée en Saône et Loire, et elle s’apprête à entrer dans les foyers américains.

Trois exemples différents, trois échelles différentes, trois époques différentes pour des succès qui perdurent. Qui a dit qu’investir en France n’était pas possible ?

Oui, on peut innover et industrialiser en France. Mais il faut avoir de l’ambition et savoir prendre des risques

dimanche 17 novembre 2013

La richesse, croissance historique et zones géographiques

Croissance, un mot qui revient constamment dans la bouche des dirigeants politiques, des économistes, des financiers, des journalistes… un mot à la mode depuis quelques années. Après des années de croissance, les pays les plus développés, dont la France, ont désormais une économie morose et une croissance en berne. Etant donné que pour la majorité des gens (et la majorité des théories) la croissance est indispensable il apparaît dans les média les termes aberrants de « croissance négative », « recule de la croissance »…

En dehors des pays développés, où la croissance semble faire place depuis quelques années à une stagnation économique, on trouve des pays et des continents où la croissance n’est pas une chimère mais une réalité. Est-ce une différence structurelle ? Culturelle ? Un simple déphasage ?

Quel est la réalité de la croissance à l’échelle de l’histoire ? L’humanité génère-t-elle toujours la croissance où est-ce un phénomène passager du à l’industrialisation ?

Pour apporter des éléments de réponse j’ai choisi d’utiliser les travaux de A. Maddison dont les écrits font référence dans le milieu de l’historiographie économique. Il a étudié la richesse du monde, pays par pays, depuis l’an 0 (naissance de Jésus Christ) jusqu’à nos jours en se basant sur l’indice bien connu qu’est le PIB (Produit Intérieur Brut) en s’affranchissant des variations de valeurs en utilisant comme unité le Dollar Geary-Khamis. On utilisera le PIB brut ou rapporté à la population des dites zone géographiques..

Prenons le PIB mondial sur les 2000 dernières années (Figure 1) : la croissance est sans aucun doute exponentielle. Cette figure amène plusieurs questions :
  • Comment se réparti la richesse en pays/continents ?
  • Que s’est-il passé avant l’année 1600 ? PIB stable, croissance linéaire ?
  • Quel est l’élément déclencheur entre 1000 et 1600 qui explique la forte croissance qui suit ?
  • Tous les en pays/continents suivent ils la même courbe ?
  • Cette croissance a-t-elle une fin ou alors va-t-on poursuivre cette courbe exponentielle ?

Fig. 1 : évolution du PIB mondial de l'an 0 à 2006.

Laissons de côté cette dernière question, nous l’aborderons à une autre occasion, pour nous focaliser sur les autres. Regardons premièrement comment évolue la richesse zone par zone avant 1800 (Figure 2, graphe de gauche). On remarque la domination des deux géants asiatiques : Chine et Inde, portés par leur forte démographie et leur grande superficie. L’Europe de l’Ouest est encore dominée par Rome au début du Ier millénaire, la chute de cet empire explique la récession, ou croissance négative (sic), avant l’an 1000. On observe ensuite une forte expansion qui porte le PIB de l’Ouest Européen au même niveau que la Chine et l’Inde. La croissance africaine est bien plus linéaire mais reste limité au tiers des 3 grands ensembles en 1800. Enfin, l’Amérique Latine semble avoir une évolution similaire à celle de l’Afrique, à noter l’effet pervers de la colonisation de ce continent : une forte récession vers 1600.

Intéressons-nous maintenant au PIB par habitant de ces mêmes régions, sur la même période (Figure 2, graphe de droite) : défavorisées par leur démographie les géants asiatiques ont une faible croissance de la richesse rapporté à la population, les africains reste au même faible niveau de richesse, alors que l’Europe de l’Ouest, après une période de déclin lors de l’âge sombre dû à la chute de Rome, connait une forte croissance de son PIB par habitant. L’impact de la colonisation sur l’Amérique latine est effacé de cette statistique par la diminution de la population de cette zone, diminution elle aussi causée par la colonisation.

Fig. 2 : évolution du PIB et du PIB/habitant de l'an 0 à 1860 sur différentes zones géographiques

Pourquoi l’Europe connait-elle cette forte expansion durant les 800 premières années du second millénaire ? 

Certainement un développement scientifique et technique sans précédent, mais aussi une organisation plus centralisée : la fin des proto-Etats apporte une stabilité sans précédente malgré les guerres incessantes entre les Royaumes. En Inde et en Chine certes les castes et la bureaucratie sont stables mais la richesse reste dans le secteur primaire contrairement à l’Europe où une proto-industrie se développe dès 1100, donnons un seul exemple de cette industrie naissante : l'arsenal de Venise.

(A suivre…) 


Source: 
(Angus Maddison)