UDR et PCF puis PS et RPR-UMP ont été les partis de pouvoir de la Vème République, contrôlant tour à tour l’Elysée, l’assemblée nationale, les collectivités territoriales… De 2007 à 2012, unis autour de N.Sarkozy les sympathisants, militants, responsables et élus de l’UMP ont porté au pouvoir leur chef et son parti, son parti au sens propre car il en était le président. Rassemblés avec un programme résolument socialiste les français menèrent F.Hollande à la présidence de la République en 2012. Mais malgré ce programme de gauche, F.Hollande représentait une voie modérée dans son parti, bien loin du très radical J.L.Melenchon.
Que c’est-t-il passé depuis cette élection présidentielle ?
L’UMP s’est déchirée dans une sombre histoire de succession. Notons que la droite française est habituée à ces séparations douloureuses. De son côté le Parti Socialiste est écartelé entre la ligne gouvernementale, social-démocrate, son nom : socialiste et son histoire : le socialisme. L’approche des élections a révélé ces fissures dans l’échiquier politique, le résultat des municipales les a amplifiées, la campagne européenne va les exacerber.
Le socialisme préconise une politique de relance par la consommation nonobstant les dépenses excessives de l’Etat qui nous rapprochent chaque jour de la banqueroute. Les libéraux convaincus refusent l’Etat providence et souhaitent limiter les dépenses en les recentrant sur les missions régaliennes, c’est fermer les yeux sur toute une frange de la population qui souffre des inégalités. Les souverainistes, présents à gauche, au centre et à droite, voient l’Europe comme la source de tous les maux de notre pays, et cela en restant aveugle devant les bienfaits de cette Europe. Refuser l’Europe en période de croissance serait simplement une erreur, aujourd’hui, en période de récession, ce serait ouvrir une boite de pandore. Reprochons à l'Europe son fonctionnement peu démocratique et mobilisons l'opinion pour les futurs élections. Mais arrêtons de faire à l'Europe un procès à charges.
Si l’UMP en 2007 puis le PS en 2012 ont pu obtenir une majorité parlementaire, qu’en serait-il en cas d’élection en mai 2014 ? Osons l’uchronie.
Le PS se diviserait entre une ligne très sociale qui se rapprocherait sans peine de J.L.Melenchon et une ligne Sociale-Démocrate soutenant le Président de la République. L’UMP se diviserait entre les européistes et les souverainistes, qui eux même pourraient se rapprocher de DRL pour une part et du FN pour une autre. Ajoutons à cela un centre plus ou moins uni, le FN représentant plus d’un sixième de l’électorat, une extrême gauche en déclin par rapport aux PCF des années 50 mais toujours présente, et pourquoi pas un courant écologiste plus fort qu’en 2012.
Résultat ?
8 tendances représentant moins de 15% de l’électorat, électorat qui voterait, à juste titre, sur des problématiques propre à sa région, sa communauté, son origine sociale, son métier… Plus aucun parti de pouvoir n’existe aujourd’hui. Personne ne s’impose, personne ne propose un projet pour la France et pour l’Europe.
Quel rassemblement pourrait se substituer à ce mixte électoral contre-productif ?
Un rassemblement de tous les hommes et les femmes qui veulent croire en la grandeur de la France, en l’Europe, en l’Humanisme, en une politique sociale raisonnée, à des dépenses rationalisées, à une économie libérale, qui permet à tous de créer, d’innover, mais une économie encadrer pour assurer une protection sociale tous les salariés.
En terme de partis politiques ce rassemblement est possible, certainement pas par une utopique union sacrée réunissant droite et gauche mais en formant une grande coalition allant du courant social-démocrate présent à la fois au sein du PS et au sommet de l’Etat, jusqu’à la frange de l’UMP qui redoute la monté des phobies (Europe, immigration, euro, dépenses sociales,…) dans leur propre parti, en passant par les radicaux de gauche et de droite, les centres (MoDem, UDI, RS,…). Les aspirations sont les mêmes : une Europe juste et démocratique dans laquelle la France a sa place, une justice sociale lointaine héritière du CNR (Conseil National de la Résistance), une économie renouvelée et basée sur l’excellence et l’innovation d’un fort réseau de PME.
Trois forces peuvent appuyer ce rassemblement. Le Président de la République, impopulaire car banni par la gauche et rejeté par la droite, peut appeler à ce rassemblement au parlement en premier lieu. Le vote du pacte de responsabilité demain sera un test, mais il aurait pu être significatif si ce message d’union avait était porté plus clairement. Les élus peuvent prendre leur responsabilité et abandonner le stupide clivage majorité – opposition en soutenant ouvertement telle ou telle politique. Et non à demi-mot comme certains le font : assez intelligents pour reconnaître l’intérêt de la France mais trop lâches pour s’opposer à leur groupe parlementaire. Le dernier levier est celui du peuple : par le vote, en interpellant les élus et en diffusant ces idées, certaines idées.
La France ne veut abandonner ni sa politique sociale, dont en premier lieu la Sécurité Sociale, ni ses retraites par répartitions, symboles de la fraternité nationale, ni sa politique libérale institué par la Révolution et emblématique de la liberté, ni son état central incarnant l’égalité entre tous. La France ne veut pas non plus abandonner son influence internationale garantissant le développement continue à l’échelle mondiale de l’idée même de démocratie. Parce que la France et les français ne veulent rien abandonner de tout cela une politique raisonnable mais déterminée et soutenue par toutes les forces de la nation doit être mise en place.
En réglant des problèmes bassement financiers d’une part et concernant la politique des partis d’autre part, la France doit redevenir l’allégorie de l’humanisme et continuer d’offrir à chacun, fils d’ouvrier, de cadre, d’immigré, hommes et femmes, l’opportunité de choisir son avenir.