Une langue est riche, plus de 60 000 mots composent la langue française, peut être jusqu’à 300 000. Elle est riche car chaque mot à un sens. Ainsi pour construire une phrase juste, c’est à dire qui correspond à notre pensée, chaque homme doit connaitre un maximum de mots. Mais connaitre les mots n’est pas suffisant, il faut connaitre leur sens, et savoir les utiliser.
Voici les deux exemples qui m’ont marqué : un élève de terminale Scientifique, donc potentiellement titulaire d’un baccalauréat général moins de 10 mois après cette question, qui demande à son enseignant lors d’un devoir ce que signifie le mot « discerner » présent dans une question, mon deuxième exemple est une répétition, malgré mes corrections, de confusions entre les verbe « mesurer » et « calculer », et cela venant d’un élève ingénieur à BAC+4, c’est à dire un potentiel ingénieur moins de deux ans après cette erreur, voir même cette faute car il s’agit bien de termes liés au métier pour lequel il est formé.
Ces manquements à la langue ne sont certes pas vitaux car il est toujours possible de se faire comprendre, preuve en est la communication entre deux étrangers dans une tierce langue : aucune phrase n’est parfaite pourtant l’information passe bien de l’un à l’autre des interlocuteurs. Mais on doit s’attendre, dans un échange entre deux individus de même langue natale, à une utilisation optimale de cette dite langue, dès lors chaque faute commise par l’orateur, disons en difficulté, pourra induire en erreur l’auditeur sur l’information transmise, on s’approche de l’exemple où il y a confusion entre mesurer et calculer. Lorsque la situation s’inverse et que c’est l’auditeur qui est en difficulté, on se retrouve dans le cas du premier exemple, l’information ne sera pas, ou sera mal, comprise.
C’est un phénomène malheureusement fréquent, les causes sont à chercher à l’école primaire : le vocabulaire d’un nombre important d’élève n’y est que très peu développer. Nombreux sont ceux mettent en avant l’effet d’une « génération TV » pour laquelle les parents sont moins présents et ne participent pas au développement du vocabulaire de leurs enfants, ainsi la substitution de l’éducation parentale par l’éducation hertzienne ne fonctionnerait pas. Je ne partage qu’en partie ce point de vue, en effet pour moi la différence est belle et bien le recul de la présence parentale, mais si l’apparition de la télévision, et maintenant d’internet, dans chaque domicile apporte une culture unique, sans nuance et pauvre en vocabulaire, elle apporte aussi de nouveaux regards sur le monde et une source inépuisable de vocabulaire dont la famille proche n’aurait pas pu faire mention dans une conversation.
Les responsables sont donc plutôt les courants libertaires, qui cherchent à libérer les individus de toute contrainte, à tout âge. Il n’est pas admissible que des parents autorisent leurs enfants à regarder durant des heures de programmes qui ne leurs apporterons rien : ni culture, ni vocabulaire. Ces programmes ne sont pas à bannir, mais simplement à limiter. N’oublions pas que lire Zola, Jules Verne ou Dumas apporte infiniment plus que regarder une émission de dite « télé réalité » qui n’a de réaliste uniquement les flux financiers créés.
L’autre responsable est certainement l’école, car l’école est désormais dirigée par le laxisme. Les enseignants ont l’obligation de ne pas refuser l’admission au niveau supérieur à un trop grand nombre d’élèves (ou d’étudiants), dès lors il faut oublier certaines erreurs commises, ces erreurs, somme toutes normales, se transforment petit à petit en fautes systématiques sans jamais avoir été corrigées. La confusion entre mesurer et calculer est, je pense, symptomatique, corrigée chaque années, chaque mois, chaque semaine, durant 5, 6, 8 ans, elle aurait disparu, ce ne fut pas le cas donc cette erreur persiste.
Dans un cadre plus large rappelons la nécessité de toujours s’attarder sur le poids des mots. En effet à ne pas peser le poids de chaque mot lors d’une intervention, on dit aussi tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, on peut arriver à des situations très graves, inconfortables, inattendues, mais heureusement plus souvent simplement comiques. Prenons l’exemple du Président de la République, F. Hollande, qui a déclaré qu’un de ses ministres était revenu « sain et sauf » d’un voyage en Algérie. Aucune pensée malsaine (du moins je l’espère) ne se cachait dernière ces paroles, le ton de la farce était probablement de mise, mais cette tirade bravache a mis le président, et le pays, dans une situation inconfortable. Ici, le poids des mots avait toute son importance.
Quelle que soit la langue que l’on parle, chaque mot à un sens, nous devons le respecter et le faire respecter.
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