Bruno Le Maire affirme clairement qu'il faut arrêter de demander toujours plus d’efforts à la filaire agricole pour limiter son empreinte écologique. C'est une position irresponsable, dangereuse et tournée vers le passé.
L’agriculture française est en effet confronté à des problèmes de fond important : les contraintes écologiques sont nombreuses, contraires aux attendent des groupes de pression (lobbying), et rendent les produits français plus cher donc non concurrentiel avec l’étranger. Ainsi les agriculteurs français ont le choix entre ne pas vendre ou vendre sans marge.
La réponse de B. Le Maire vise à libérer les agriculteurs de ces contraintes pour les rendre plus compétitifs. C’est une mauvaise réponse. En effet la guerre de la compétitivité dans l’agriculture industrielle est d’ores et déjà perdue sauf à vouloir imiter un modèle américain où l’OGM est roi, où les producteurs de lait ne gèrent que des mouroirs de bêtes exploitées, où la chimiculture a remplacée l’agriculture.
La guerre agricole de demain sera celle de l’eco-responsabilité : la fin de la contre-productive profusion de pesticides, la fin de l’engrais à outrance qui ne favorise que certaines algues dans les cours d’eau, la fin de la monoculture créatrice de déséquilibres. Ainsi il faut renforcer encore et encore cette lutte contre l’éco-destruction.
Bien sur nos produits français seront bien plus chers que ceux venant de pays où l’agriculture restera le terrain de jeu d’industriels sans scrupules. Mais étant donné l’enjeu de sanitaire il est parfaitement possible de mettre en place des barrières à nos frontières pour interdire tous les produits ne respectant pas les mêmes exigences que nos propres agriculteurs. Ces barrières existent pour de nombreux produits : on ne trouve pas en Europe de voitures aux normes indiennes, de biberons aux normes chinoises, etc.
Par ailleurs, la taille des exploitations agricoles doit cesser d’être continuellement revue à la hausse. Ces modèles productivistes ne sont soutenus que par les multinationales vendant les intrants. En effet, des études de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) ont montré qu’une exploitation de petite taille mais gérée de façon scientifique était plus rentable qu’une grosse exploitation industrielle. Ce type d’exploitation a taille humaine est doublement durable : d’un point de vue environnemental bien sûr, mais aussi vis-à-vis du nombre de personnes qui en vive.
Bien sur ces changements imposent des réformes de fond et un changement de notre façon de consommer. Les importations doivent être contrôlées : les produits ne respectant pas ces normes ne doivent plus être disponible sur le territoire. Il faut accepter, pour le consommateur, d’avoir moins de choix au moment de l’achat, et d’arrêter de réduire continuellement la part du budget destiné à la nourriture.
Monsieur Le Maire, vos propos sont inquiétants et vous décrédibilisent complètement vis-à-vis de tous ceux qui, à juste titre, ont conscience que l’écologie représente l’avenir.
Concernant les OGM, la situation en France est juste d'une hypocrisie sans nom : On interdit sa culture pour se donner bonne conscience d'une main, de l'autre on importe massivement des produits venus des quatre coins du monde (95 % du soja qui nourrit nos bêtes est OGM...). C'est un peu comme le gaz de schiste : tout le monde est heureux qu'on n'en produise pas en France, mais tout le monde se fout royalement des conditions d'extraction de celui que nous importons. L'écologie n'est pourtant pas une notion nationale....
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de courants de pensées différents à l'INRA sur ce sujet. Comme tout en France, il est presque impossible d'avoir un avis scientifique détaché et sans passion sur la question. Cependant, la quasi-totalité des agronomes d'aujourd'hui s'accordent sur le fait que l'éco-agriculture (style bio, permaculture etc..) est très loin d'être prête pour pouvoir nourrir la planète. Beaucoup pensent également que les biotechs (et donc les OGM) sont probablement la solution de demain pour limiter les pesticides, réels responsables de l'appauvrissement des espèces. Alors très vite nous devrons faire un choix : OGM ou pesticides (sachant qu'on a les deux aujourd'hui). Sans oublier que le tout est grassement financé par l'UE au détriment du paysan africain qui se voit obliger d'acheter des produits français sur les étales de Dakar.
Il y a certes matière à changer en profondeur de système...