Citation du moment

« On ne conduit le peuple qu'en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d'espérance.»
Napoléon Bonaparte

dimanche 10 mars 2013

Papi, tu coûtes combien ?

Le retraite, un sujet qui fâche en France. Le système est plus souvent en déficit qu'à l'équilibre financier, comme beaucoup de choses soit dit en passant (et nous y reviendrons), les réformes sont nombreuses, régulières, contestées, et en générale inefficaces sur le long terme mais permettent de maintenir le régime à flot.

Le système par répartition... Tous paient pour les autres, personnes ne paie pour soit même : les américains doivent nous prendre pour des communistes près à rejoindre feu le pacte de Varsovie ! Mais non, c'est un système qui permet une bonne distribution des richesses, et qui est basé sur le concept de croissance perpétuelle. En effet en cas de décroissance il y aura moins d'actifs avec moins d'argent pour payer plus de retraités qui auront des pensions importantes.

Aujourd'hui, une fois encore, il n'y a plus d'argent dans les caisses pour payer les retraites.
Pourquoi ? Que faire ?

Quelques mots sur le système par répartition : le principe est simple mais la mise en œuvre complexe ! Tout les actifs paient une taxe sur leur salaire qui est versée aux caisses de retraites, elles répartissent ensuite cet argent entre tous les retraités. Chaque retraité perçoit une allocation proportionnelle à la moyenne de ses revenus durant son activité.
A l'opposé il peut exister un système par capitalisation, où chacun place de l'argent (en investissant ou plus classiquement dans des fonds de pensions) qui lui servira lors de sa retraite. Cela paraît alléchant, mais pensons que cet argent ne peut pas être utilisé facilement. Si vous faites le choix de dépenser une fraction de cet investissement chacun année de retraite vous pouvez vous retrouver sans rien bien avant que la grande faucheuse ne passe, ou alors vous pouvez vive pauvrement et vous faire enterrer dans un cercueil en or (sauf si les héritiers veulent une piscine, et ils aurons raisons !), l'autre choix, de vivre avec les intérêts de l’argent placés, nécessite un gros investissement durant la période active.

La retraite par répartition semble donc encore une bonne solution. Reste toute la problématique de son financement, ou plutôt de son non-financement. L'idéal est bien entendu un système auto-financé : c’est à dire que les cotisations des actifs paient intégralement les pensions des retraités, sans subventions de l’État, qui n'a aujourd'hui pas les moyens pour ce genre de dépenses. Or notre système de retraite est déficitaire de plusieurs milliards d'euro par an ! Près de 9 milliards en 2010, 6 milliards en 2011...

Quelques chiffres :
Il y a eu en 1975 : 13 millions de cotisants pour 4,1 millions de retraités, et en 2010 : 17,7 millions de cotisants pour 12,6 millions de retraités. Le rapport est passé de 3,14 actifs pour 1 retraité à 1,41. Et c'est une tendance forte comme on le voit sur le graphique ci-contre. La cause principale est l'allongement de la durée de vie, elle est passé, de 1975 à 2010, de 69 à 78 ans pour les hommes et de 76,9 à 84,7 ans pour les femmes. Il n'y a donc rien d'étonnant ni à cette diminution du rapport actifs/retraités, ni au déficits grandissant du système.


Quels solutions ? J'en vois 5.
  • Augmenter le nombre de cotisants : cela revient à faire diminuer le chômage, c'est efficace mais pas directement lié aux retraites.
  • Diminuer le nombre de retraités : difficile à mettre en œuvre, on peut jouer sur quelques milliers, voir dizaines de milliers, en supprimant, ou diminuant, les pensions de personnes n'ayant travaillées que quelques années en France et touchant la pension minimale. Ce serai juste à mon goût, mais polémique, et pas suffisant pour être significatif.
  • Augmenter le taux de cotisation : on y arrive, c'est une des solution qui fâche les cotisants mais qui serait efficace.
  • Augmenter la durée de cotisation & augmenter l'âge de départ à la retraite : 2ème grand totem inattaquable. Vu la résistance des cotisants on peut parfois se demander si c’est de l'égoïsme ou de la mauvaise information. Pourtant ce serait efficace et juste : on vit plus longtemps, pourquoi ne pas travailler plus longtemps ?
  • Diminuer des pensions : cette fois ce sont les retraités qui s'insurgent !

Il reste donc 3 leviers possibles et efficaces à la fois. Lequel choisir ?
Il manque environ 10 milliards d'euro par ans dans les caisses, regardons l'impact qu'aurait le retour à l'équilibre du système sur ces trois leviers :
Pour 18 millions d'actifs, 10 milliards d'euro représente 555€/an, soit 46 €/mois. Est-ce acceptable ? Qui voudrait donner près de 3% de plus ses revenus pour nourrir papi et mamie ?
Il y a un peu plus de 600 mille départ à la retraite par an en France (578 en 2012, 609 en 2011, 722 en 2010), avec des cotisations proche de 10 000 € par an, cela représente près de 6 milliards d'euro. Il faudrait donc que chacun travail près d'un an et demi de plus pour que le système s'équilibre.
Pour retraités qui sont près de 13 millions, équilibrer le budget leur reviendraient à 64,6€ par mois.

Le déficit est abyssale : qui peut imaginer ce que représente 10 milliards d'euro, par an en plus ! Mais rapporté à chaque individu les sommes sont plus raisonnables entre 46 et 65€ par mois, ou moins de 2 ans de travail supplémentaire. Reste à choisir qui faire payer. La solution paraît simple : chacun doit faire un geste. Sachant que ce qui est appelé le problème des retraites est récurant il faut une reforme de grande ampleur.

Vu le déficit actuel on peut imaginer une augmentation des cotisations accompagnée d'une réduction des pensions. Mais à plus long terme seul l'augmentation du nombre d'années travaillées est viable : on ne peut pas indéfiniment augmenter les cotisations ni diminuer les pensions. Or l'augmentation nombre d'années travaillées est cohérent avec l'augmentation de l’espérance de vie.

Plusieurs autres points sont à prendre en compte :
  • Premièrement, bien que l'on parle fréquemment des petites retraites, les retraités considérés comme pauvres sont bien moins nombreux que les autres catégories de la population : 10% des retraités sont pauvres, c'est trop, mais c'est aussi 2 fois moins que les étudiants (20%), et 4 points de moins que la population totale (14%). De plus la France est le pays où le niveau de vie des retraités rapporté au niveau de vie des actifs est le plus haut : un retraité a en moyenne 95% du niveau de vie d'un actif, dans la majorité des autres pays au même niveau de vie (Allemagne, Japon , Royaume Unis...) ce rapport est inférieur à 90%. Il est donc largement envisageable de réduire les retraites, pas les petites retraites, pour ne pas plonger un pan complet de la population dans la pauvreté, mais toutes les autres.
  • Deuxièmement, les études sont de plus en plus longues, il est important de prendre en compte ces années. Que faire ? Difficile à dire. Ce sont des années non travaillées, un étudiant arrivant sur le marché du travail à BAC+5 devrait donc travailler 5 ans plus vieux que celui arrivant au niveau BAC. Cela semble normal d'un coté, mais est-ce vraiment juste ? Je ne sais pas...
  • Troisièmement : il y a de nombreux régimes spéciaux de retraites. Est-ce légitime ? Pourquoi un fonctionnaire n'aurait-il pas les mêmes droits qu'un cotisant privé ? Pourquoi les cotisants de la SNCF ne font-ils pas partie du régime général ?

Le système français de retraite doit être reformé en profondeur. Certains proposent un système par points où chacun gagne des points en travaillant, faisant des études,... et ces points donnent droits à une pension vieillesse. Pourquoi pas, mais faites, Mesdames Messieurs nos représentants, responsable politique, et hommes d’État, des propositions cohérentes pour faire fonctionner le système des retraites. Et pas des demi-reformes qui permettent de le maintenir à flot à grand renforts de subvenions et emprunts.



- Papi, je vais travailler plus longtemps pour payer ta retraite !
- Mais non petit, tu n'es pas obligé.
- Si papi, le pays en a besoin !



Source de tous les chiffres : Insee.

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