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« On ne conduit le peuple qu'en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d'espérance.»
Napoléon Bonaparte

mardi 18 juin 2013

L’OTAN et la souveraineté

Qu’est-ce que l’OTAN ?

Une alliance militaire entre 28 pays. Originalement limité à l’Atlantique Nord, l’alliance est maintenant mondiale. Son fonctionnement est basé sur une charte. Une attaque d’un non-membre sur un des membres peut être considérée par tous les membres de l’OTAN comme une agression, un casus belli, et entrainer une déclaration de guerre. C’est donc une alliance défensive. En plus de cette alliance, l’OTAN propose plusieurs structures pour : harmoniser les équipements entre alliés, harmoniser les procédures, homogénéiser le niveau d’entrainement, développer les doctrines militaires de demain, et, ultime structures, propose un commandement intégré qui permet de pourvoir gérer sous commandement unique des opérations militaires de grandes envergure. A l’image du « Suprem Allied Command » dirigé par le Général Eisenhower lors de la seconde guerre mondiale. Il y a plusieurs niveaux de participation à l’OTAN : chaque membre choisi « à la carte » à quelle(s) structure(s) il veut participer. Il finance les structures auxquelles il participe, plus une participation plus générale pour le fonctionnement de l’alliance.


Historiquement la France est membre de l’OTAN. En 1966, le Général De Gaulle, alors président de la République, décide de faire sortir la France du commandement intégré de l’OTAN. C’est un coup de tonnerre, en pleine guerre froide, pour nos alliés. Il s’agit de s’affranchir de la tutelle américaine à une période clé : la France retrouve son statuts de grande puissance, après le camouflé de Suez. Mais c’est plus un geste de politique bilatérale (France-USA) voire de politique intérieure (donner une preuve de l’indépendance française aux français) qu’un geste de politique internationale, de géopolitique. En effet la France ne quitte pas l’alliance et reste un allier sur l’OTAN. En 2009, M. Sarkozy permet à la France de rejoindre le commandement intégré de l’OTAN, c’est la fin d’une exception française qui n’avait plus lieu d’être. La France, puissance mondiale par ses territoires d’outre-mer, puissance militaire par ses armées qui couvrent l’ensemble des spectres de missions, puissance politique par sa position dominante en Europe (Partagé avec l’Allemagne) et sa dissuasion nucléaire, a un rôle à jouer dans l’OTAN. Sans être présent dans le commandement intégré on se limite, en temps de paix, à un rôle d’observateur, alors qu’en étant présent dans le commandement intégré de nombreux postes d’officiers généraux son attribué aux Français ; ce qui permet premièrement d’être un observateur mieux informé, et d’avoir un poids important sur les décisions de l’Alliance. 


Nombreux sont ceux qui sont partisans d’un retrait de la France, du commandement intégré, voire de l’ensemble de l’alliance. Ils reprochent à l’alliance de faire prendre une part de souveraineté à la France.

Cette accusation est-elle fondée ?

Regardons ce qu’apportent l’OTAN et le commandement intégré.
Premièrement en temps de paix : c’est un pôle d’entrainement international majeur, c’est une plateforme d’harmonisation avec nos alliés (un exemple les calibre de munition : 7,62 pour le standard OTAN, on pourrait choisir du 7,63 ou 7,65 qui sont équivalent mais choisir le standard OTAN permet d’alléger les chaines logistiques lorsque l’on intervient avec des alliés), c’est un moyen de confronter nos visions doctrinales avec nos alliés…
En temps de crise, c’est la possibilité de s’appuyer sur des alliés avec lesquelles les procédures ont été harmonisées, et le commandement travaillé en temps de paix.


Reste finalement le risque de se voir entrainer dans une guerre non voulu, soit parce qu’elle serait contraire à notre vision du monde, soit parce qu’elle est contraire à nos intérêts.

C’est bel et bien un risque, mais un risque inhérent à toute alliance militaire. 

Attardons-nous un peu plus sur les cas où l’alliance a fonctionné : entrée en guerre des autres membres, et les cas où elle n’a pas fonctionné. Prenons s la guerre des Malouines : 1982, l’Argentine attaque le Royaume-Uni en envahissant les iles Falklands. Après une campagne aéronavale et terrestre, le Royaume uni reprend, seul, son territoire des Falklands au prix de 258 morts, une trentaine d’aéronefs, 4 navires de combats, 2 navires de soutien. Quelles réactions de l’OTAN ? Une timide aide des Etats-Unis tiraillés entre son allié historique et un pays de sa zone d’influence américaine, et un encore plus timide soutient français en complétant l’entrainement des pilotes britanniques.

2011, le Colonel Kadhafi est aux prises avec une rébellion, et tente de la faire disparaitre dans un bain de sang. La communauté internationale réagit, la France en tête, suivie du Royaume-Uni, après quelques jours de bombardement les USA entre dans la danse. Le volume des aéronefs au combat au-dessus de la méditerranée et de la Lybie devient important et demande un commandement centralisé. L’OTAN est désigné pour diriger les opérations. La transition entre les commandements nationaux et le commandement centralisé peut se faire en quelques jours garce au travail fait en amont. L’efficacité des frappes est décuplée par cette centralisation. Dès lors d’autres pays de l’OTAN rejoignent la coalition, mais on est loin d’avoir l’intégralité des pays de l’alliance engagée. L’Allemagne par exemple, membre à part entière de l’OTAN, a jugé que la guerre contre le Colonel Kadhafi n’était pas une bonne idée, elle s’est donc abstenue de participer à la coalition malgré les appels de ses alliés.

Peut-on dire après ces différents exemples que l’OTAN limite notre souveraineté ?

La réponse est visiblement non, chaque membre choisi son degré d’implication dans chaque conflit. L’engagement total de l’alliance ne peut se faire qu’à l’unanimité. Mais il est, à mon sens, important de répondre favorablement aux demande de soutient de nos alliés, tant que cela ne va pas à l’encontre de nos intérêt, car nous seront heureux de les trouver avec nous si un ennemi venait à apparaitre et à nous agresser.


L’autre accusation qui vise l’OTAN est son rôle concurrent avec la PSED, l’alliance limiterai, voir rendrait impossible, le développement de l’Europe de la défense. 

Qu’en est-il ?

L’OTAN regroupe une très large partie des pays de l’union européenne mais aussi une multitude de pays plus ou moins éloigné culturellement et géographiquement (sans corrélation entre géographie et culture).

Qu’est ce qui limite l’Europe de la défense ?

Assurément les pays européen ont des forces armées de tailles raisonnables, certes limités pour certains, en constante régression, mais existante, bien équipées et organisées. Il ne s’agit donc pas de créer une ou des armées. Mais de les uniformiser, et d’en mutualiser l’usage.

L’OTAN offre à ce titre une opportunité gigantesque : elle a standardisé nos armées, tant au niveau équipement que opératif. Il y a encore du travail, mais les bases sont présentes. 

La principale amélioration possible pour uniformiser nos armées est de faire des appels d’offres communs, et de faire des achats préférentiellement européen. Il est en effet inadmissible que l’Italie, le Danemark, et bien d’autres achète des avions américains, que les français achètent des drones israélo-américains, que les espagnols utilise des systèmes d’armes eux aussi américains. Il ne s’agit pas de renier l’alliance avec les USA, mais de soutenir l’économie européenne. Je reviendrais prochainement sur le lien entre industrie de défense, excellence de la recherche scientifique, et emploi. Mais pour acheter européen il faut une conscience européenne, une volonté politique de faire vivre l’Europe. 

Après cette uniformisation des armées restent à en mutualiser l’usage.

La création d’une armée totalement européenne, avec suppression des armées nationale ? La perte de souveraineté est trop importante. Reste la solution de faire travailler nos armées ensembles, pour avoir de véritables gains, financiers et/ou opérationnels, il est nécessaire d’imbriquer le fonctionnement des armées de chaque pays.

Et ensuite ? Dans l’état actuel de l’Union Européenne, on aura des armées bien équipées, bien entrainées, certainement terriblement efficaces, mais dédiée aux champs de manœuvres, incapable d’être déployée. En effet l’imbrication donnera des armées indépendantes les unes des autres. Il sera donc nécessaire que l’UE entière soit d’accord avec une intervention pour déployer des armées. Et cela n’est jamais arrivé. Libye, Mali, Irak...

L’union politique est nécessaire pour faire aboutir ce projet.


Alors quel concurrence avec l’OTAN ?

On pourrait développer le même type d’alliance avec uniquement des pays européens évidement. Mais ce serait redondant avec l’OTAN, mettrait à l’écart des aillés historiques, et ferait tomber nos territoires d’outre-mer hors alliance en quelques sorte. 

On peut résumer la situation tel que suit :

- L’OTAN permet d’être dans une grande alliance militaire sans nous obliger à accepter des guerres que nous ne souhaitons pas.
- C’est un moyen de travailler avec nos alliés
- La défense européenne n’avance pas à cause des différentes politiques nationales

A mon sens, le meilleur schéma est :

- Une continuité de travail dans le cadre de l’OTAN, avec des réformes de ce système trop alourdit par la fin de la guerre froide.
- La création d’une politique industriel & scientifique commune en Europe, ainsi qu’une politique d’équipement uniformisée. Dans le cas d’absence d’accord à l’échelle européenne : continuer sur cette voie avec des accords bilatéraux, comme ceux de Lancaster House.
- A terme, aller vers une politique extérieur commune à toute l’EU, mais c’est un autre sujet… et un travail de longue haleine.

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