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Napoléon Bonaparte

mercredi 11 septembre 2013

ETI : l’absente de l’économie Française

ETI, cet acronyme presque inconnu en France signifie Entreprise de Taille Intermédiaire. Plus grandes que les PME dont on entend très souvent parler, mais plus petites que les grandes entreprises, elles regroupent entre 250 et 5000 salariés pour un chiffre d'affaire inférieur à 1,5 milliard d'euros.

Elles représentent moins de 0,2% des entreprises en France (moins de 6000) mais plus de 20% des emplois salariés, plus du tiers de nos exportations. A l'échelle Européenne, ces entreprises de taille intermédiaire représentent plus de 40% de la valeur ajoutée produite. Contrairement aux grands groupes et à de nombreuses PME elles ont plutôt bien résisté à la crise économique de ces dernières années. La raison est certainement qu'elles sont assez internationales pour limiter les conséquences de la chute du marché intérieur et peu impacté par les aléas de la finance mondiale car assez petites.

La France possède de nombreuses entreprises, un nombre de grands groupes importants, mais un très faible nombre d'ETI. Certes les PME, voir les micro-entreprises, forment le ciment de notre société, mais le développement économique passe par les ETI.

Pourquoi ?
Car sont en même temps assez grandes pour investir et s'internationaliser, mais aussi assez petites, donc flexibles, pour innover, pas uniquement l'innovation technique mais aussi en terme de ressource humaine, de marketing, de logistique... Il faut donc chercher à développer les grandes PME pour qu'elles atteignent une masse critique et deviennent des ETI fleurons de l'industrie française.

Or il est très fréquent de voir des mesures prises par les gouvernements pour aider les PME/TPE (des très petites aux moyennes entreprises), mais rarement les ETI ou grandes PME.
Que faut-il, en France, aux grandes PME pour devenir des ETI ? Ont-elles besoin d'aides publiques ?

Mettons tout de même un bémol aux ETI : elles peuvent être dans des situations très précaires si elles sont sous-traitantes d'un grand groupe, et qu'elles n'ont qu'un seul client. En cas de chute ou changement de stratégie de ce client elles peuvent disparaître. Il ne faut donc pas chercher à faire des ETI à tout prix, mais bien à développer un tissu industriel stable.

Plusieurs facteurs limitant peuvent être avancé pour expliquer ce manque d'ETI en France :

  • Le manque volonté de faire grandir son entreprise de la part des entrepreneurs et des salariés, ceci est lié à un manque de reconnaissance de la réussite et au complexe de grandeur qui touche les Français.
  • Une législation contraignante qui décourage souvent les entrepreneurs à passer un cap. Généralement le premier de ce cap à franchir est celui des 50 salariés.
  • Le manque de capitaux, en effet pour grandir une entreprise a besoin d'argent, or souvent cet argent manque. Il existe mais il n'est pas mis au profit des PME qui souhaitent grandir : un exemple flagrant : dans la Creuse, une entreprise en croissance se voit refuser un prêt par les banques.

A ces facteurs limitant plusieurs solutions peuvent être apportées :

  • La création d'une initiation des étudiants (et demandeurs d'emploi) à entrepreneuriat, en valorisant la réussite. Cette valorisation peut se faire sans pour autant dénigrer les classes ouvrières ou faire l'apologie du capitalisme. On parle bien d'une démarche permettant de « Limiter la pauvreté sans limiter la richesse » (Victor Hugo, Les Misérables) ou plutôt de limiter la pauvreté en augmentant la richesse.
  • Une simplification de la législation encadrant les entreprises. Sans déréguler le système, la croissance d'une entreprise ne doit plus être un chemin de croix pour le ou les dirigeants. Si une structure de plus de 500 salariés peut avoir un service juridique pour cela, une entreprise plus petite ne peut pas divertir des ressources pour satisfaire les lourdeurs administratives et législatives.
  • L'apport de capitaux doit se faire par les banques d'une part, mais aussi, et surtout, par l'actionnariat. Les banques prennent des risques trop limités, ce qui est, somme toute, contraire à la notion d'investissement. Pour développer l'aide des banques aux PME, il parait intéressant de s’appuyer sur les outils créés par les derniers gouvernements : le Fonds stratégique d'investissement et OSEO pour N.Sarkozy, et la Banque publique d'investissement pour F.Hollande. Une augmentation du rôle de ces organismes par la vente aux banques privées de prêts regroupant de nombreuses PME est possible. Ce passage par les banques privés permettant d'augmenter considérablement les sommes prêtées par les organismes publics, et le regroupement des prêts de dizaines, voire centaines, de TPE, PME & ETI permettrait aux banques d'avoir un investissement sans risque et avec une bonne visibilité à long terme. L'autre voie, l'actionnariat, doit passer par un développement de l'actionnariat salarié. Cela permettrai de mettre à disposition des entreprises les sommes gigantesques que représente l'épargne française, tout en permettant au salarié de prendre en main financièrement son entreprise. Impliqué dans son développement il sera alors le premier ambassadeur de celle-ci, et aura un intérêt à sa croissance. Cet actionnariat salarié, déjà voulu par Charles De Gaulle, a cessé de se développer depuis de longues décennies, c’est le moment de relancer cette troisième voie, nichée entre capitalisme et communisme. 

On peut travailler sur d'autres éléments favorisant le développement des entreprises comme l'aide à l’innovation qui doit être repensée ou le développement d'un véritable dialogue sociale et non une opposition de de syndicats (ouvriers et patronats) qui ne représentent personne à cause du trop faible taux de syndicalisation.

sources des chiffres avancés :


5 commentaires:

  1. excellent article qui en prime explique en partie notre déficit commercial chronique.

    en effet, je penses que trop peu de PME atteigne cette taille critique leur permettant de se développer à l'international. car si on compare l’Allemagne et la France, ce sont nos plus petites entreprises qui exportent pas assez. et le faible nombre d'ETI doit être l'une des raisons.

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    1. En effet le déficit commercial pourrait être largement réduit avec un plus grand nombre d'ETI conquérantes.

      De plus ces ETI participeraient activement à la croissance globale en augmentant la part de croissance due aux exportations, car aujourd'hui la croissance française est majoritairement issue de la consommation ce qui la fragilise en cas de stagnation du pouvoir s'achat.

      Sans tomber dans l'excès inverse (Allemagne où la croissance, essentiellement due aux exportations est mal menée par les aléas internationaux), il serait intéressant d'arriver à un équilibre : une croissance autant fruit des exportations que de la consommation.

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  2. Vous avez dit "promotion des idées politiques ?"...
    Lorsqu'elles s'appuient sur la volonté nationale, les décisions politiques sont souvent bonnes, qu'elles viennent de droite ou de gauche. C'est d'ailleurs ce seul principe qui permet généralement de concilier les 2 bords... Personne ne conteste ici le besoin de trouver des outils pour la croissance et le plein emploi, qu'il s'appelle François ou Nicolas. Tout le monde s'accorde sur l'outil le mieux approprié et si la dénomination change, cela permet simplement de continuer à affirmer sa différence car elle existe en effet cette différence. Elle s'affirme surtout dans les réelles motivations plus ou moins douteuses du développement économique, plutôt que dans les mécanismes de mise en oeuvre de la croissance. Il en est de même pour l'éducation et la formation, la santé ou la sécurité... Bref, même quand il y a apparemment consensus sur la question du développement de notre compétitivité, il arrive que le principal intéressé ne fasse pas la même lecture de la situation que les décisionnaires et opte finalement pour une toute autre stratégie même si personne ne lui donnera jamais les moyens de mettre en oeuvre ses projets; je veux parler évidemment de la PME. Nos PME nationales pour ne pas dire nos PME familiales, sont ancrées dans une culture historique puisque par définition, cette structure naît en même temps que l'Entreprise, avec le contrat social qu'elle suppose à l'origine. Nos petites entreprises françaises donc ont à leur tête des hommes du terrain, pour ne pas dire du terroir, des hommes de chantier, des gens de proximité, des chefs d'équipe, des chefs de famille, de municipalité parfois... bref des sur-prolétaires, mais certainement pas des chefs d'entreprise et encore moins des hommes d'affaire. A ces PME, on promet des lendemains qui chantent, le développement en ETI puis, si tout va bien, le développement à l'internationale. Mais les "petits" patrons, comme on dit, ont-il vraiment envie de cela ? Se réjouissent-ils vraiment des desseins que l'on projette sur notre société? Si consensus il y a auprès de tout ceux qui rêvent ou ont rêvés d'être patron, peut-on vraiment l'imposer à celui qui, à la tête des 10 salariés de son village, n'a aucune envie de développer davantage l'activité dont l'ampleur a déjà dépassée sa capacité de gestion. Souhait-il vraiment continuer à développer l'entreprise dans la quelle il a déjà mis toute son énergie et qui lui bouffe la vie parce qu'il veut encore croire aux promesses de prospérité. Non vraiment, celui qui vit la PME de l'intérieur ne se plaint pas de ne pouvoir se développer... [Arrg!! pas plus de 4096 caractère sur le post !! comment peut-on parler politique avec si per de caractère :) ] (...)

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  3. (...) je disais donc: le patron qui vit la PME de l'intérieur ne se plaint pas de son manque de développement. Comme son salarié, le patron se plaint juste de ce que la vie est devenue trop chère à cause notamment de la course effrénée des multinationales vers toujours plus de profits. Que l'on souhaite autre chose que des PME dans le paysage français est une chose, mais les convertir en est une autre. N'oublions pas l'héritage culturel de l'Entreprise française. Une clé de la croissance qui n'est pas dit ici par Gaël est peut-être justement moins de croissance verticale pour plus de croissance horizontale : promouvoir la culture de nos métiers de proximité et de service auprès des jeunes dont la vocation est de devenir chef d'entreprise. Peut-on prendre le risque de voir disparaître la meilleure part du PIB, la contribution la plus fiable et la plus stable, celle des PME. Peut-on sacrifier nos PME au profits de grandes structures opaques dont la vocation n'est certainement pas de mieux répartir la richesse nationale... Au contraire, la PME reste une valeur sûre qu'il faut promouvoir indépendamment des autres formes d'entreprise que rien n'empêche par ailleurs de prospérer. Les différentes formes et tailles d'entreprise peuvent cohabiter sans qu'il soit nécessaire de les fusionner. Il est d'ailleurs des secteurs d'activité artisanale où la PME est absolument nécessaire. Mais ça je pense que l'article ci-dessus ne dit pas le contraire. J'ai bien compris que Gaël fait juste remarquer l'absence des ETI en France. J'observe simplement qu'il n'est pas nécessaire ou souhaitable de faire évoluer les PME en ETI. Leurs vocations sont différentes tout comme leur utilité nationale et leur cohabitation devient intéressante si les 2 modèles s'ajoutent plutôt que s'ils se substituent l'un à
    l'autre. Les ETI en partenariat avec les PME apportent non seulement des avantages en terme d'emploi mais ils permettent de couvrir les besoins du marché dans tous les secteurs d'activité industrielle ainsi que les activités de services. Elles sont les connexions des PME avec l'extérieur et tout le monde doit y trouver son compte.
    Vous avez dit "promotion des idées politiques ?"... je fais ce que je peux :)
    Salutations aux lecteurs de "certaines idées".

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    1. Je te rejoins sur ton analyse des PME : toutes ne sont pas prêtes à grandir. Et c'est en tant que PME ou TPE qu'elle doivent participer à la vie économique de notre pays car elles sont essentielles. C'est ce que j'ai exprimé par "les PME [...] forment le ciment de notre société".

      Il ne s'agit donc pas de transformer l'ensemble des PME en ETI, mais d'augmenter le nombre de ces dernières. Un objectif chiffré est difficile, mais si leur nombre était doublé, on s'approcherait de 12000 ETI, soit 0.4% des entreprises. Nous serions loin d'un "tout ETI" qui n'est pas souhaitable, mais nous doublerions notre force de frappe sur les marchés internationaux.

      Enfin, l’intérêt des ETI est qu'il ne s'agit pas de structures opaques et au fonctionnement sclérosé, en effet une ETI peut rester réactive et innovante. Une grande start-up en quelque sorte (au prix d'une vigilance de tout instant de la part des dirigeants et salariés).

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