Hier, le 8 avril 2014, une semaine après avoir été nommé, Monsieur le Premier Ministre Manuel Valls a prononcé son discours de politique générale et demandé la confiance du parlement, qui lui a été accordée. Depuis sa prise de fonction il essuie des critiques de toutes parts : capitaliste pour l’extrême gauche, libéral et européiste pour les souverainistes, pro nucléaire et autoritaire pour les écologistes, dangereux socialiste pour l'UMP, ...
Son discours a déjà été critiqué comme : restant dans la ligne du précédent gouvernement de J.M. Ayrault, reconstruisant ce qui avait été mis en place par N.Sarkozy et supprimé par J.M. Ayrault, étant une copie de l’intervention de F.Hollande il y a 10 jours, ...
Cette levée de boucliers unanime dans l'assemblé nationale peut être vu comme la preuve d'un certain équilibre dans la politique qu'il propose : redresser la France sans léser ni les entreprises ni les ménages modestes. Certes ses propositions ne sont pas nouvelles, ce sont uniquement les solutions connues depuis de longues années et jamais appliquées.
On trouve, entre autres, les mesures suivantes :
- Réformer les collectivités territoriales : fusions de régions, suppression des doublons (dont clause de compétence générale)...
- Réformer l'Etat : supprimer les taxes qui coûtent plus cher qu'elles ne rapportent ainsi que les services inutiles...
- Réformer la sécurité sociale : restructurations des hôpitaux, baisser les prix des médicaments...
Ces mesures sont indispensables. Bien d'autres le sont évidement, mais il faut dépasser les clivages et admettre que cette politique est bonne. Ce sont des réformes qui auraient du être faites depuis de longues années, que ce soit par la droite ou la gauche.
Un grand regret pourtant à l'heure du bilan sur ce discours : l'échéancier. Si les mesures sont bonnes, la répartition temporelle de ces réformes ne l'est pas. F.Hollande avait identifié un élément important : "Pas assez de changements et donc trop de lenteur.", cela n'est malheureusement pas traduit dans les actes, en effet M.Valls propose un échéancier allant de 2015 à 2021. Trop de temps a déjà été perdu depuis plusieurs décennies, il faut agir maintenant, commencer l'application des réformes en septembre prochain, et viser des effets dans les 18 ou 24 mois.
Dans le même temps il faut revoir notre politique d'aide à l'emploi complètement dépassé par la situation, l'inefficace financement aux entreprises, lancer un urbanisme nouveau pour faire disparaître les ghettos, et bien d'autres choses...
Demander des efforts aux français certes, mais en leur proposant un avenir, un avenir pour eux et pour la France.
Pour finir je retiendrai le geste de M.Valls après son discours, cette main tendue à l'opposition pour construire un projet commun, passer outre le stupide clivage gauche-droite.
[...] chacun à prendre sa part de responsabilité [...] Et si on travaillait autrement (...), pour sortir de nos ornières, de nos caricatures
M.Valls, le 8 avril 2014, devant l'Assemblé nationale.
Je retiendrait aussi les réactions de certains députés de l'UMP qui ont ouvertement refusé cette main tendue, alors qu'ils sont sans aucun doute responsables de la situation car ils sont proches du pouvoir depuis bien longtemps. De plus la politique que propose M.Valls est compatible avec leur propre ligne politique. Sans vouloir une hypothétique union sacrée, il faut aller plus loin que de simples déclaration telles que "nous voterons pour les mesures bénéfiques au pays" dont seuls quelques crédules peuvent se contenter.
tout à fait d'accord avec toi ! les idées de Mr Valls comme Premier Ministre de la France sont bonnes mais l'échéancier est trop lâche. pour moi, des mesures étant mis en application après le 1er janvier 2018 (voir même le 1er juillet 2017) sont trop longues à se mettre en place. pour le reste, tu connais mes positions. en tout cas, diviser par 2 le nombre de région, c'est franchement ambitieux ! sans doute un peu trop.
RépondreSupprimerGaël fan de Valls !
RépondreSupprimerEn ce qui concerne les régions, l'idée est de réduire les dépenses publiques parce que moins d'argent pour les petites choses, c'est ça ? Une France avec moins de régions va miner le moral des petites gens, j'en ai bien peur.
Pour l'urbanisme, quel joie s'ils pouvaient trouver une solution. Et l'argent. Dans les années 70, il me semble, c'est en créant les zones urbaines aux noms fleuris qu'ils ont généré des sortes de ghettos.
Enfin, ne pas mettre en place ces réformes rapidement donne l'impression que tout ceci est du blabla, puisqu'il n'est pas improbable (oïe) qu'ils ne soient plus au pouvoir en 2021 et que les imbéciles qui vont les succéder vont se faire un malin plaisir à tout arrêter.
Merci pour ton commentaire.
Supprimer"Fan" je ne dirai pas ça, j'approuve l'orientation exprimée lors de son discours de politique générale (et quelques jours avant celui du Président), mais je reste, comme je le dis dans l'article, dubitatif sur le timing proposé. Comme tu le fais remarquer à juste titre la lenteur envisagée ne permet pas de répondre laisse la possibilité d'un retour en arrière. Si successeur il y a espérons qu’ils ne feront pas la même erreur que ce gouvernement : démolir par principe avant de proposer peu ou prou la même chose quelques mois plus tard... Mais plus grave cette lenteur et non-réforme est caractéristique d’une classe politique, de gauche comme de droite, qui a les connaissances et les idées pour gouverner mais qui ne va pas au bout de ses désirs certainement par peur de l’erreur ou simplement par peur de la sanction électorale.
Pour ce qui est de l'urbanisme, en effet ce n’est certainement pas le nom des quartiers qui changera la donne, mais une politique d'intégration poussée, un retour au droit, aux valeurs de la République. C'est à dire des conditions de vie descentes et l'omniprésence des services public, dont, en premier lieu, l'école.
Comme l'a rappelé M.Valls, l'immigré espagnol, la France donne sa chance à tous, si bien sur cette chance est saisie.
L'idée de regrouper les régions est double : faire des économies en regroupant des administrations avec un fonctionnement loin d'être optimal, et faire en sorte que les régions aient les moyens d'influencer réellement sur l'économie.
Par ailleurs la suppression des conseils départementaux vise les économies, c'est une réponse à ce que j'ai dénoncé plusieurs fois sur ce blog : une organisation archaïque de la France, fantastique outils instauré par la révolution, consolidé par Napoléon mais très peu adaptés aux réalités du XXIème siècle.
Peut-être par méconnaissance, peut-être aussi parce que la France a eu plus de gouvernement à droite depuis que je suis née, je me demande s'il est vraiment vrai que chaque gouvernement qui s'est retrouvé au pouvoir a véritablement voulu faire table rase du passé, arrêter toutes les réformes en cours pour comme tu le dis reformuler les propositions de l'autre camp, se les réapproprier à la sauce gauche ou droite.
RépondreSupprimerIl n'est pas impossible que la cohérence que j'ai cru déceler dans mes livres d'histoire joue sur ce sentiment ; je me souviens des pages sur Juppé, Jospin, Mitterrand, Chirac, j'avais l'impression que ces personnes tentaient des choses, jaugeaient le peuple français, que la politique sous la 5ème république se construisait.Je me demande comment intégrer actuellement les dix années qui viennent de se dérouler aux livres d'histoire. En fin de compte, les livres d'histoire doivent avoir leur part de responsabilité dans le refrain que nous entonnons -presque- tous "Gauche ou droite, tous les mêmes" et "On ne vote plus pour un parti mais pour une effigie, comme un prophète".
Les valeurs de la république, comment faire que les gosses et les autres se les approprient ? L'éducation nationale est perdue, puisqu'on leur met toutes les fautes dessus. C'est un processus tellement long, celui-ci également. Nous qui sommes bientôt en âge d'être parent, ce sont nous qui devrions soutenir l'éducation nationale et connaître ces valeurs de manière certaine. Je ne crois pas que ce soit le cas.
Comment assurer des conditions de vie descente quand toute l'économie est fondée sur le capitalisme ? L'état ne peut pas tout soutenir, cependant on ne peut pas renier sans mauvaise foi le fait qu'il y aura forcément des parias, ou en des termes moins forts, des gens qui devront vivre dans des cités urbaines à l'écart et que ce sera dû à l'état néanmoins.
Pour les régions, l'idée est chouette, vraiment. Si seulement on pouvait les aider individuellement dans ce projet de réforme !
La construction de la nation a belle est bien était progressive, de Bouvines à Valmy, de Saint Louis à De Gaulle, du mercantilisme au libéralisme. Depuis la dernière alternance cependant une autre tendance se manifeste : l'opposition systématique à ses adversaires politiques. Espérons que ce n'est que transitoire...
SupprimerC'est ce que j'ai abordé ici, s'opposer est une très bonne chose au débat démocratique mais il faut aussi plébisciter les bonnes idées.
"On ne vote plus pour un parti mais pour une effigie, comme un prophète", plus que pour un parti c'est pour des idées qu'il faut voter, et en ce qui concerne l'élection présidentielle c'est bel et bien à un homme (ou une femme) qu'il faut donner sa voix (ou pas en cas de vote blanc) car ce sera lui qui incarnera la Nation durant 5 ans. Cette personnification du pouvoir est caractéristique de la Vème République.
L'Education Nationale est perdue car les moyens ne sont pas donnés aux enseignants, j'ai ouvert le sujet avec cet article : Inquiétudes et réformes autour de l’Éducation Nationale
Concernant les valeurs de la République j'essaie de les partager aux quotidien, à travers ce blog, avec des interventions sur internet, et par des discussions de vive voix.
Le capitalisme n'est certainement pas innocent, mais 50% du PIB est prélevé par l'Etat dans notre pays, nous ne sommes donc pas dans une logique ultra-libérale, et une optimisation des dépenses de l'Etat doit permettre une vie décente à tous les citoyens et résidents.
Pour terminer : soutenir cette réforme est à mon sens possible. La première des choses est d'en faire la promotion pour convaincre les opposants, ensuite n'oublions pas que la représentation nationale est à l'écoute des citoyens : envoyer un courrier (postal, électronique,...) à son député et/ou à son sénateur permet sans aucun doute d'influencer le vote du parlement, enfin entrer dans le débat interne aux partis est possible et certainement souhaitable.
Rapidement, pour poursuivre sur le dernier point.
RépondreSupprimerJe trouve étonnante cette idée d'initiative d'apporter son soutien par l'intermédiaire d'un courrier. Pour quelles raisons ? Parce que si elle n'était pas que très rare, elle deviendrait obsolète (trop de courrier à traiter, probablement jamais lus) et d'un autre côté, si individuelle (ce qui serait le cas), la portée serait limitée. D'autant plus que l'expéditeur aura tendance à vouloir se justifier d'une quelconque appartenance à un parti, à un bord de la politique.et que le destinataire irait alors se coucher peut-être un peu plus heureux, dans le meilleur des cas.
Sinon, que pouvons-nous imaginer ? Des rassemblements de gens, hors des partis, hors du gouvernement, pas missionnés. Des personnes forcément un peu charismatiques.
En ce qui concerne le débat au quotidien, ce n'est pas évident. Bien souvent, si je considère le cas que je connais le mieux, i.e. le mien, la pauvre passionnée de politique que je suis tend à agacer et convaincs du contraire, de l'idée que je souhaitais défendre au départ.
Bien parler de politique, tout un art.
Nos élus ne doivent pas être les représentant d'un parti, ils doivent être les représentants des français de leur région, circonscription, commune,... Ecrire à un élu avec des revendications partisanes n'a donc aucun sens, mais lui faire part, en cours de mandat, des attentes de "ses" français est une bonne chose : cela permet de ne pas avoir des élus coupés des réalités du peuple (ce qui est trop souvent reproché à nos dirigeants).
SupprimerCertes quelques courriers isolés ne reflètent en rien l'opinion général, mais lorsqu'un nombre significatif d'électeurs interpelle un élu cela doit avoir un poids dans le débat.
Trop de courriers peut effectivement rendre leur lecture difficile, mais l'élu n'est pas seul et son entourage peut aisément parcourir ces courriers pour en restituer les tendances à l'élu.
Je vais essayer de trouver quelques chiffres concernant le volume de courriers des électeurs reçu par les élus, je reviendrai ici dans quelques jours avec une réponse j’espère.
J'attends ton retour avec impatience même s'il venait à conclure sur la non-transparence de ce genre d'information.
SupprimerJe n'ai malheureusement pas eu d'information sur le volume de courrier des électeurs impliquant la politique générale. Néanmoins le courrier d'un député est très important, cependant la majeure partie concerne des problématiques locales (conflit communal, recherche d'emploi, aménagement du territoire à l'échelle de la circonscription,...). Un élu consciencieux va lire (ou faire lire) ce courrier pour en retirer les grandes tendances, voir même parfois y répondre.
SupprimerLes interventions à propos de la politique nationale sont moins nombreuses certainement car moins de français s’intéressent aux débats de l'assemblée nationale avant le vote.
Il est donc difficile de savoir qu'elle impact peut avoir un courrier à un électeur. Mais de tels interventions ne peuvent pas être contre-productives, ainsi je suggère de mettre cela en application, par exemple en demandant au député de sa circonscription d'appuyer la reforme territoriale, en passant outre les clivages si besoin.